« Je dormais tranquillement, comme tout le monde, comme tous les habitants de Kharkiv. Tout le monde dormait dans la nuit du 23 au 24. Et c’est comme ça, ce matin-là, la guerre est entrée dans nos vies et y reste à ce jour. » Ce sont par ces mots que s’ouvrent le documentaire signé par Lucas Manget et l’écrivain Emmanuel Carrère. Nous sommes à bord d’un train des UkrZaliznytsya (UZ), la compagnie ferroviaire ukrainienne.
Dans ce nouvel épisode de la huitième saison de l’émission 25 nuances de doc qui met en avant sur France 2 les productions du cinéma documentaire, nous découvrons la guerre vue du train.
Depuis le début du conflit avec la Russie en 2014, et plus intensément depuis l’invasion à grande échelle de 2022, le réseau ferroviaire ukrainien a été soumis à des défis majeurs. Malgré ces difficultés, les trains ont toujours circulé. Ukrzaliznytsia a réussi à évacuer des millions de personnes des zones de conflit et à transporter des tonnes d’aide humanitaire, démontrant ainsi sa résilience et son importance stratégique pour le pays.
Principal employeur du pays, la compagnie ferroviaire gère le sixième plus grand réseau ferré de transport de voyageurs du monde.
Emmanuel Carrère a réalisé plusieurs voyages dans le pays depuis le début de la guerre et a donc forcément pris le train, le ciel n’appartenant qu’aux drones et aux avions militaires.
A bord de ces trains ukrainiens, l’écrivain français a rencontré des voyageurs et des cheminots. Ils se nomment Artiom, Olga, Lena, Sammy, Edik, Alyona ou encore Andriy, surnommé « Pitbull » sur le champ de bataille… Certains sont des civils, d’autres des militaires, mais ils ont tous en commun la peur, l’inquiétude et l’absence d’espoir devant une guerre qui semble ne jamais devoir s’arrêter.
Dans la gare de Kiev, la plus importante du pays, tous les jours à 09h00, la foule se fige pour accomplir une minute de silence à la mémoire des victimes de la guerre. Une minute qui s’achève par ces simples mots : « Gloire à l’Ukraine, gloire aux héros ». Sous les ors de la salle d’attente, Artiom se confie. Le soldat parle de la difficulté de garder le contact avec ses proches – sa femme est réfugiée en Pologne. Il témoigne également de l’amertume qui habite parfois les soldats quand il découvre la vie à l’arrière du front. Dans le train Kiev – Kramatorsk, une cheminote explique qu’elle peut voir la différence entre les soldats qui viennent de Kiev et ceux partis de Kramatorsk, ville située au plus près de la ligne de front dans la région du Donbass. « C’est le comportement, l’émotion, l’humeur » qui diffèrent.
Dans la gare de Kramatorsk, l’inquiétude est palpable. Comme l’explique la cheminote, ce site ferroviaire a subi une terrible attaque en avril 2022. Alors que de nombreux réfugiés fuyant l’est de l’Ukraine y attendaient un train d’évacuation vers les zones contrôlées par les forces ukrainiennes, la gare de Kramatorsk a été touchée à 10 h 30 par un missile à courte portée Totchka-U. Une attaque attribuée à l’armée russe. Le bilan fait état de 52 victimes et plus de 100 blessés. Aujourd’hui, la gare de Kramatorsk est toujours en service. Elle constitue la porte d’entrée sur le Donbass et sur le front. Les adieux qui se déroulent ici sont plus lourds, plus déchirants. L’armée russe continue à grignoter Rectificatif lentement, mais sûrement de nou- veaux territoires. Ukrzaliznytsia doit toujours mettre en place de nouveaux trains de réfugiés. A bord d’un train à destination de Dnipro, une blague ar- rache un sourire amer : « Si vous vous voulez faire rire Dieu, racontez-lui vos projets pour demain. »
Mardi 4 mars à 23h35 sur France 2.
25 nuances de doc – Des trains dans la guerre d’Emmanuel Carrère et Lucas Menget.
Particules Docs avec la participation de France Télévisions et LCP Assemblée nationale.
L’article Guerre en Ukraine, des trains sur le front est apparu en premier sur laviedurail.