À Limoges, un spécimen rare de la traction électrique est en train de rouiller sur une voie ferrée du dépôt. L’automotrice Z 4909 de la Compagnie du Midi, construite dans les années 1910, n’a pas bénéficié de travaux de restauration bien que depuis 1968, elle doive en théorie être préservée pour la Cité du train de Mulhouse.
Pauvre Z 4909 de l’ancienne Compagnie du Midi… Bien que depuis 1968, elle doive en théorie être préservée pour le musée du Chemin de fer de Mulhouse, l’automotrice construite au début du XXe siècle n’a bénéficié d’aucun soin ni travaux de rénovation. Échouée au dépôt de Limoges depuis une vingtaine d’années, l’automotrice, laissée à l’air libre, se détériore. Une situation qui désole certains passionnés du chemin de fer tels que Marc Tournebize de la section Auvergne de l’Association française des amis des chemins de fer (Afac). « Chaque fois que je passe en train à Limoges, j’ai un regard attristé pour elle. Pourtant, je l’ai connue sale, mais bien au sec sous la rotonde de Brive au début des années 1980 », regrette- t-il. Seulement voilà, un beau jour, la rotonde a été démolie et l’automotrice a été acheminée à Limoges pour être garée en extérieur sous bâches. « Mais le temps a passé, les bâches se sont délitées à un point tel que le vent a fini de les emporter… » Vandales et pillards ont pris la suite. La Z 4909 est en bois tôlé « comme tout ce que l’on faisait dans les années 1910, avec un toit recouvert de toile goudronnée », précise Marc Tournebize. Mais le toit étant percé, il n’est donc plus étanche. Les intempéries font maintenant leurs ravages. Des dégâts a priori irréversibles.
L’automotrice fut pourtant une gloire en son temps, à l’époque où la Compagnie du Midi, pionnière en matière de traction électrique, faisait des expériences sur plusieurs de ses lignes avant la Grande Guerre. « Toute sa vie, la Z 4909 a roulé en 12 000 volts monophasé 16 2/3 HZ et toujours sur la même ligne, entre Perpignan et Villefranche-de-Conflent. » « Il s’agissait de la seule ligne équipée de ce type d’électrification sur le réseau du Midi car, par la suite, c’est le 1 500 V continu qui fut choisi », indique Patrick Laval, journaliste à La Vie du Rail et membre de l’Afac. « La Z 4909 assurait même la desserte marchandises de la ligne après la réforme en 1959 de l’unique locomotive dévolue à ce trafic, une 1C1 à bielles qu’il aurait été intéressant de conserver aussi… », ajoute Marc Tournebize. Les photos qu’il a prises en mars témoignent de l’état de détérioration avancé de l’engin. Marc Tournebize n’a qu’une crainte : « que l’automotrice ne soit jamais restaurée et qu’elle subisse le sort d’autres pièces sélectionnées elles aussi pour la Cité du train de Mulhouse et qui, au final, ont été ferraillées. » Que va devenir cet élément du patrimoine ferroviaire français ? Sera-t-il détruit ou sauvé ? À quelques mois des Journées du patrimoine, la question reste entière.
Contact : Afac Auvergne, 12, rue Francis-de-Pressensé, 63000 Clermont-Ferrand.
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