Quand en janvier 2020 Paul Carter arrive au Dry River Café & Resort, un établissement perdu dans le désert californien, il apporte avec lui l’espoir. Engagé pour conduire le chantier de réhabilitation d’une ancienne ligne de chemin de fer, il dirige une équipe d’ouvriers mexicains. Une aubaine : « Avec ce chantier, il a décroché le gros lot. Faire partie de l’histoire, rafler la mise à la fin des travaux et passer l’hiver sur son terrain de jeu favori. Une vraie bénédiction. » Dans cette communauté de marginaux et de solitaires, son arrivée est vécue comme une bouffée d’air frais. Les clients du bar boivent ses paroles et ses promesses de développement pour ce coin désoeuvré de Californie. Tous sauf J.B., un Français taciturne qui se méfie du bagout de l’entrepreneur américain.
En parallèle, le lecteur découvre le carnet de voyage de Stéphanie, une jeune française qui a traversé l’Atlantique et qui note sur ces pages le récit de ce voyage initiatique. Véritable monument ferroviaire, le Pont à tréteaux de Goat Canyon doit devenir la principale attraction de la région et pour Paul Carter, c’est ici que se concentrent tous les enjeux. Cet ouvrage d’art emblématique s’élève dans le désert d’Anza-Borrego, en Californie. Il fait partie de l’ancienne ligne ferroviaire San Diego & Arizona Eastern Railway, souvent surnommée le « chemin de fer impossible » en raison des nombreux défis techniques et géographiques rencontrés lors de sa construction.
Son promoteur voulait relier San Diego à la ligne ferroviaire transcontinentale en passant par le Mexique. La construction a été extrêmement difficile en raison du terrain escarpé, des canyons profonds et des conditions climatiques hostiles. Un tunnel s’est effondré à cause d’un tremblement de terre en 1932. Pour contourner l’obstacle, un pont en bois massif a donc été construit l’année suivante au-dessus du Goat Canyon, devenant le plus grand pont ferroviaire en bois du monde (près de 200 mètres de long et 55 mètres de haut).
Quand Paul découvre un cadavre dans le tunnel qui précède le célèbre pont, il panique et décide de s’en débarrasser. Pour lui, le plus important reste la poursuite du chantier. Peu importe les conséquences, la voie ferrée doit avancer. Mais J.B. ne l’entend pas de cette oreille et décide de percer le mystère…
Corinne Cotereau, qui signe avec Providence Canyon son premier roman, vivait en Californie quand la crise du Covid a éclaté. Confinée loin de ses proches, elle a eu la bonne idée de se mettre à écrire. Elle a bien fait, ce premier livre est une réussite !
Providence Canyon de Corinne Cotereau. Albin Michel. (2024). Prix : 19,90 euros.
L’article Roman. Quand un chantier ferroviaire déraille est apparu en premier sur laviedurail.